Le hameau de La Grange des Noyes... N.O.Y.E.S.
Mais sait-on d'où vient cette appellation?
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| Photo aérienne : François Goguillot 2014 |
On peut comptabiliser les occurrences cartographiques
- Cassini XVIII° : Les Noyes
- Etat Major 1820 - 1866 : Grange des Noix
- Cartes 1950 : Gr. des Noix
- Cartes IGN Classique : Gr. des Noix
- OpenStreetMap : Grange des Noyes
- Géoportail : La Grange des noix
Mais est-ce pour autant fiable ? Les cartes sont souvent fantaisistes
On peut aussi faire des recherches et trouver :
- 1898 Heuvrard François-Joseph Jean Baptiste "né à la Grange des Noyes"
- 19 juillet 1885 Incendie à la grange des Noies, commune de Voillan (sic) l'avant dernière nuit, une importante maison de cultivateurs , appartenant aux frères Labbé comprenant 4 ménages.
- 9 janvier 1893 - 10 Janvier : "Un troisième incendie dont les suites ont été sérieuses a eu lieu le 10 janvier à Voillans, dans la maison à M Labbé, cultivateur à Granges-des-Noyés (sic)
La Grange des quoi ?
Des Noyes... N-O-Y-E-S !
Pas facile de s’y retrouver avec une telle orthographe qui varie au bon vouloir des événements et du temps. L’orthographe “officielle” en vigueur est La Grange des Noyes.
Bien que “Noyes” se prononce de nos jours “noix”, on est loin de la signification du fruit à coque ligneuse, qui est produit par le noyer... Pas qu’il n’y ait pas de noyers au hameau, il y en a quelques-uns et la récolte est généralement bonne, mais certainement pas suffisante pour en remplir toute une grange.
“Noyes” en patois se disait “noues” – le grand-père de Yves Marchevet, habitant alors à Vergranne, en reportant l’incendie d’une maison en 1900 criait “ye lo fu o noues, ye lo fu o noues” (y a le feu aux noyes).
Une noue (d’après Wikipédia) est une sorte de fossé peu profond et large, végétalisé, avec des rives en pente douce, qui recueille provisoirement de l'eau de ruissellement, soit pour l'évacuer via un trop-plein, soit pour l'évaporer ou pour l'infiltrer sur place permettant ainsi la reconstitution des nappes phréatiques.
Noue proviendrait du latin “nauda” signifiant un terrain fréquemment recouvert par les eaux, une prairie marécageuse ; une théorie avancée par Denis Guillaume propose que “Noyes” signifierait “marécages” en vieux français, ce qui est également étayé par les dires des Anciens du hameau. De plus, la topographie du terrain soutient cette thèse.
Profitant des prairies marécageuses des alentours, une digue de plus de trois cents mètres de long, six mètres de haut et dix mètres de large, dont les vestiges existent encore aujourd’hui, aurait été construite pendant la période seigneuriale, ce qui créa un plan d’eau d’au moins 20 hectares. Suite à des épidémies, certainement dues aux eaux stagnantes, Louis XIV aurait ordonné son assèchement – une brèche dans la digue fut alors ouverte pour permettre à l’étang de se vider. Des fossés, creusés pour assécher certains terrains lors du remembrement du siècle dernier, ont mis à jour des vestiges d’un moine hydraulique servant à gérer le niveau de cet étang, ceci principalement au printemps lors de la fonte des neiges qui tombaient en abondance à l’époque.
En conclusion, nommer le hameau “La Grange des Marécages” aurait supprimé bien des ambiguïtés, mais ses habitants sont attachés à leurs Noyes – et aussi à leurs noix :)
(Yves Marchevet, Jean-Paul Schiffmann et Sylvie Thouësny ont participé à l’élaboration de cet article).
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