Le mardi 9 février, Louis Pergaud écrit :
"Arrivée de Moro-Giafferri * qui apporte au colonel une nouvelle lettre de recommandation en ma faveur. Le capitaine Rouzade me propose le poste d'adjudant de bataillon que j'accepte."
Le 11 février il écrit :
"Remis au colonel De G(oupil) à M(argot) et La Revanche (du corbeau). Conversation très cordiale. Dès qu'il aura trouvé pour moi une cave à Pintheville je le suivrai ainsi que le capi(taine) Rouzade. Il m'autorise à partir pour Verdun dès midi et à rentrer le soir et même plus tard. Je pars à 11 h après avoir remis à de Moro-Giafferri La Guerre des boutons et Le Roman de Miraut. Beau soleil, journée magnifique. A la tranchée de Calonne un camion automobile me transporte jusqu'au chemin de Belrupt. J'arrive à Jardinfontaine à 2 h 1/2. Noheng est de garde. Cassé la croûte dans le petit restaurant d'en face. Des Taubes jettent des bombes et tout le monde sort. Seuls deux chiens de la maison, inquiets, rentrent, le petit dans l'ombre protectrice du gros.
Revu des camarades de la 29e séparés. Les uns font partie du bat(aill)on de marche, Dun, Hélin, Quesnoy : Dun est adjudant, Prêtre aussi est passé adjudant sans quitter le dépôt. Cordial accueil. Nous buvons le champagne et ce bon Quesnoy me trouve un lit dans sa carrée : tu sais, je te donnerais plutôt le mien. Vu le maître tailleur pour une tenue et l'écussonnage de ma tunique et de ma capote. J'achète au maître bottier mon étui de revolver 12 frs et je paie également le ressemelage de mes autres souliers 4 frs qu'il doit me faire parvenir à la 1re occasion."
* Vincent Moro-Giafferri (1878-1956) : avocat à la Cour d'Appel de Paris qui demanda à rejoindre le front et en qui Pergaud trouva un interlocuteur et un ami.