12 août 2014

Verdun

Nous avons commencé de publier quelques extraits des lettres de Louis Pergaud pour tenter de rappeler ces années sombres que plusieurs de nos concitoyens ont connues à l'aube du conflit de 1914.

L'écrivain comtois que nous suivrons dans les jours qui viennent est affecté à Verdun.
Les soldats originaires de Voillans partagaient-ils les impressions de Pergaud ?


Le 3 août il écrit à sa femme :
   "Me voici embarqué, avec six autres camarades, dans un confortable wagon de 3e classe aux coussins rembourrés avec des noyaux de pêche par exemple. Mais je suis près de la portière, et je puis contempler le paysage, cette admirable campagne de l'Ile-de-France et de la Champagne.
   Nous avons passé par Soissons où nous avons laissé une partie de notre contingent qui rejoignait le 67e. Nous marchions assez lentement, et nous n'arriverons guère, à Verdun, que vers ce soir sans doute.
   Je n'ai jamais vu tel enthousiasme. Tout le monde part avec le désir de faire son devoir et je crois qu'on le fera. Sur la route, le long des voies, les gosses, les femmes et les vieux nous envoient des saluts et des baisers." ...

Le 4 août, à la même :
   "Nous sommes arrivés hier soir, vers onze heures, à la caserne Chevert, à 5 kilomètres environ en avant de Verdun, et aujourd'hui, on nous habille ...
   ... Pour l'instant, c'est la vie de caserne, point désagréable du tout. J'ai un lit où j'ai passé une excellente nuit. Donc, rassure-toi. Il n'y a aucun danger, et nous sommes en avant formidablement protégés. Un aéro vient de passer au-dessus de nous, salué de joyeux vivats."
   Chacun est calme et tout disposé à faire tout son devoir. N'était le temps (il pleut) - mais c'est surtout désagréable pour l'active qui occupe les tranchées et les villages fortifiés en avant - tout serait parfait. Si le temps est mauvais pour nous, il ne l'est pas moins pour les enfifrés de Guillaume, et je suis persuadé qu'ils ne supporteront pas la chose d'un si bon courage que les gars de France".

Le dimanche 9 août, à la même :
   "Nous avons quitté hier la caserne Chevert pour venir au Jardin-fontaine, à deux pas de Verdun, et laisser la place aux chasseurs du 56e. Mais nous sommes toujours bataillon de dépôt attendant notre tour de partir.
   Ici à Jardin-fontaine, la vie est ce qu'elle était à Chevert, assez uniforme.
   Quant aux nouvelles, elles sont très bonnes, mais il ne nous est pas possible d'en avoir confirmation. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il y a un élan magnifique et une entrain irrésistible. On ne tue pas un peuple qui se lève pour se défendre quand il est animé d'une ferveur aussi belle."