Sans doute l'a-t-on appris que le lendemain avec dans la foulée la mobilisation !
En milieu d'été 1914 les évènements se succèdent de manière inéluctable.
Même après l'invasion de la Serbie par l'Autriche-Hongrie, le 28 juillet 1914, la commission administrative de la SFIO lance un dernier appel pacifiste dénonçant la compétition entre groupes capitalistes, les convoitises coloniales, les violences de l'impérialisme, "pouvant à tout moment déchaîner sur l'Europe une catastrophe sans précédent". Réaffirmant la détermination de l'Internationale socialiste de faire échec à la guerre et "à l'abominable crime dont le monde est menacé", elle demande l'ouverture d'une procédure de conciliation entre les deux pays, et qu'une pression soit exercée sur leurs alliés afin d'éviter un engrenage fatidique.
Mais cet appel reste sans écho, et le 31 juillet, Jean Jaurès, qui avait multiplié déclarations et meetings pacifistes, est assassiné à Paris par Raoul Villain (qui sera acquitté par la suite). Dans les deux camps la classe ouvrière et la paysannerie vont accepter le fait accompli.
Louis Pergaud écrit le jour même à son beau-père, mais il ne connait pas encore la nouvelle. Il y reviendra le lendemain !
A Jules Duboz
"... les évènements n'ayant pas empiré, - au contraire, il semblerait vaguement que cela se détend...
... Ici, il y a des moments de panique auxquels succèdent des heures calmes : mais, en général, on croit que cela ira mieux ...
... Hier, je suis allé à la Banque voir Machard ; il y avait une foule, contenue par des agents, qui s'écrasait aux portes. Beaucoup n'ont pu entrer. Tous ces gens-là voulaient de l'or contre leur papier.
Impossible de changer 50 francs chez les commerçants ; aujourd'hui, on va avoir des billets de 20 francs et de 5 francs.
Inutile de vous dire que nous avons suffisamment de monnaie pour attendre que l'argent et l'or ne se cachent plus."
Paris, 31 juillet 1914