La « Tante Arie » est un personnage du folklore de notre région. Elle combine à elle seule les caractéristiques du père Noël et du père fouettard (et autres « Hans Trapp...)
Tante Arie est une vieille dame qui malgré tout conserve un visage éternellement jeune…. Selon certains elle serait une sorte de fée !
Ses cadeaux sont sur son chariot, tiré par son âne, elle fait sa tournée de cadeaux le soir du 24 décembre et elle offre des bâtons de flagellation aux enfants méchants en guise d’avertissement. Mais elle peut également encourager les gens dans leurs initiatives diverses au cours de l’année (mardi gras etc..). Elle peut aussi rendre de discrets services aux gens faisant de leur mieux mais n’y parvenant pas (si tant est que leur but reste louable).
Le mystère demeure concernant son origine : ancienne fée venant du folklore antique des Séquanes qui peuplaient la région ? Ou souvenir d’une noble locale qui au 15ème siècle s’était montrée très juste avec les gens ?
(D’autres encore la considèrent comme « dernière fille des druides »).
Pour la version médiévale un peu plus historique :
il s’agirait d’Henriette de Montfaucon-Montbéliard, Seigneure d’Etobon, décédée en 1444. En souvenir de sa bonté, son départ chagrina le peuple, la légende voudrait qu’alors Dieu lui aurait confié la tâche de continuer à veiller sur les humains, en devenant cette « Tante Arie ». « Henriette » aurait alors donné en patois « Ariette », puis « Arie ».
Une Dame Noël
Au 19e siècle, le pasteur Roy fait de Tante Arie une distributrice de cadeaux. "Elle est chargée, aux fêtes de Noël, d'apporter les étrennes destinées au jeune âge. Elle arrive sous divers déguisements, s'introduisant tantôt par la cheminée, tantôt par quelque fenêtre entr'ouverte ou quelque porte entrebaîllée ou d'autres manières encore, tenant en main les cadeaux (vouèques, craquelins, noix, gâteaux, fruits divers, etc.)destinés aux enfants sages et dociles. Elle est aussi armée de verges pour les paresseux et les désobéissants. Les enfants n'oublient pas de placer sur la fenêtre ou de déposer sur l'âtre le sabot où la tante Arie doit laisser son présent." "La fée protectrice de l'enfance n'apparaît jamais aux regards des mortels. Elle approche montée sur son âne dont elle fait sonner de loin la clochette, et l'on peut entendre sa voix, qui prend des intonations différentes selon qu'elle est plus ou moins satisfaite ou mécontente de ses petits amis. A côté du sabot se trouve toujours une poignée de foin dont la bourrique fait sa pâture tandis que sa maîtresse s'occupe à la besogne. Celle-ci a avec elle une provision d'oreilles d'âne, dont une paire est destinée à chaque enfant sur le compte duquel elle possède des renseignements défavorables."
(Us et coutumes de l'ancien pays de Montbéliard et en particulier de ses communes rurales / Charles ROY. Imprimerie Barbier, 1886. P.198-201).
L'âne de Fée Arie est chargé de deux lourdes hottes chargées de présents, et porte autour du cou une clochette. Le tintement de la clochette annonce leur arrivée. Toutefois, alors que les enfants luttent afin de rester éveillés, espérant enfin voir Arie, ce son les fait sombrer dans le sommeil, de sorte qu'ils ne la voient jamais. A leur réveil, Arie a disparu, et les cadeaux (des friandises ou des jouets) sont à leur place, dans le sabot, pour la plus grande joie de chacun. Car en effet, Tante Arie ne prive jamais un enfant de cadeaux. Elle se contente de menacer les enfants désobéissants de ne rien leur laisser l'année suivante, ou leur laisse, à côté des cadeaux, des verges trempées de vinaigre ou des bonnets d'âne, en signe d'avertissement. Afin d'entretenir ces bonnes grâces de Fée Arie, dans chaque foyer, on prépare dans les chambres un petit autel pour chaque enfant. Le nombre de cierges disposés sur chaque autel correspond à l'âge de l'enfant. Garni également de bonbons et de gâteaux à l'intention de la fée, l'autel préfigure notre sapin de Noël. La botte de foin à disposition de l'âne est une autre des attentions portées par les familles à Arie.
Les régions d'intervention de Fée Arie sont, selon les auteurs qui s'y sont intéressés, assez limitées :
- En Haute-Saône, elle interviendrait à Clairegoutte et Hérimoncourt.
- En Territoire de Belfort, elle serait attendue à Châtenois et Réchésy.
- Dans le Doubs, elle traverse Montbéliard et son canton, et Blamont.
- Les habitants de Bongol, Charmoille et Boncourt, dans le Jura Bernois, attendent sa venue.
- Arie parcourt également quelques villages des Franches-Montagnes : Beurnévesin, Epauvillers et Les Bois.
Par ces interventions à Noël, mais également tout au long de l'année, Tante Arie, qui n'a pourtant aucune équivalence dans la mythologie, ressemble à quelques personnages mythologiques.
- Comme Frau Holle, elle vit dans une caverne, travaille le pain, récompense les bons et punit les méchants.
- La fée allemande Berchta punit elle aussi les mauvaises fileuses.
- Comme Saint-Nicolas, patron des enfants, Arie protège ces derniers.
- La reine Berthe traverse, comme Arie, le pays en filant...
Tante Arie ne semble pas descendre d'une divinité, mais bien davantage être une création autonome. "La figure de Tante Arie, légèrement contradictoire, reste un problème de mythologie difficile à résoudre." (Glossaire des patois de la Suisse romande / L. GUACHAT. Tome premier. V. Attinger, 1924. "Arie", par TAPPOLET, p.608-609.)
Personne ne peut dater précisément son apparition, alors que sa disparition est constatée par Célestin Hornstein. Selon lui, à la fin du 19e siècle, Tante Arie n'existe plus, même dans la mémoire du peuple. Les fées "ne daignent plus se révéler à nous avec leurs bonnes grâces d'autrefois. Nos moeurs nouvelles les ont éloignées en détruisant le prestige qui les entourait et en dépopularisant ces gracieuses fictions qui faisaient la joie de notre première enfance. Nous ignorons l'époque précise de la substitution de Saint-Nicolas à la Tante Arie, mais quoi qu'il en soit, le souvenir de la bonne fée était encore vénéré en Ajoie du temps de la grande Révolution." ("La Saint-Nicolas dans le Jura" / Célestin HORNSTEIN. In, Actes de la société jurassienne d'émulation, 1889, p.235-236.)
Aujourd'hui, Tante Arie semble avoir ressuscité dans nos mémoires. Bien que ce soit le Père Noël qui distribue les cadeaux la nuit du 24 décembre, certaines municipalités de Franche-Comté font revivre la légende. Ainsi, le Musée du Jouet lui a consacré une exposition en 1997. A cette occasion, petits et grands Jouet lui a consacré une exposition en 1997. A cette occasion, petits et grands ont été invités à dessiner Tante Arie telle qu'ils se l'imaginaient. Tante Arie est également réapparue dans le contexte des animations de "Noël au Pays du Jouet" en 2000. Et surtout, chaque année, à Montbéliard, Arie apparaît du 1er au 24 décembre, dans le cadre du marché de Noël.