Septembre 1954
Arrestation du père Fournier
Pendant la nuit du 27 au 28 novembre dans une maison de Fontaine, un malade nommé Claude-François Clerc, paraissait toucher à ses derniers moments.
Un jacobin, plongeant son regard investigateur à travers la fenêtre de la chambre où mourait cet homme, avait aperçu les préparatifs de l'extrême-onction ; aussitôt il était allé prévenir toutes les autorités ; de sorte qu'à six heures du matin les agents de Fontaine et de Gondenaus, le commandant de la garde nationale et Joseph Céda, de Fontaine assesseur du juge de paix de Clerval, avaient envahi cette maison, sans plus se soucier des souffrances qu'elle recélait que des lois qui leur en interdisaient l'entrée. Le logis fut fouillé de fond en comble, et, dans un grenier à foin qui n'était pas même fermé du côté de la rue, on trouva le Père Fournier. Interpellé sur les motifs de sa présence dans un pareil lieu et à une pareille heure, il ne répondit à ses interrogateurs d'après leur dire, qu'en les traitant d'hérétiques. Joseph Gayot, propriétaire de la maison, questionné à son tour, répondit qu'il ignorait la présence de cet étranger dans un grenier qui n'était pas fermé. Le Père Fournier et son hôte furent arrêtés tous les deux et conduits à Beaume (sic), d'où le Commissaire près le tribunal les fit transférer dans la maison d'arrêt de Besançon.
Le 8 décembre, le département chargea le juge de paix Girardot d'aller les interroger.
Le 21décembre il prononça ainsi leur sort : "De l'interrogatoire, il résulte que Fournier, ex-capucin, s'est retiré à sa sortie du couvent chez le citoyen Démoulin, curé de Pirey, où il est resté six mois. Dès lors il est allé tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, pour gagner sa vie. Il a fait le serment de la constitution civile du clergé et l'a rétracté, il y a environ deux ans. Il a exercé son ministère quand la loi le lui permettait, et l'a cessé lorsqu'elle le défendait. Il ne pensait pas être dans le cas de la déportation. Il s'était retiré dans une grange sans porte, dépendant de la ferme de Gayot, pour ne pas être aperçu des gens qui sortaient de la maison du citoyen Tournier et qui aurait pu l'insulter en raison de sa qualité de prêtre. Joseph Gayot a déclaré ignorer la présence de Fournier dans sa grange et n'avoir jamais reçu chez lui des prêtres réfractaires. L'administration centrale, considérant que, d'après la loi du 26 août 1792, tous les fonctionnaires publics qui rétracteraient le serment devaient être déportés ; que Fournier ayant de son aveu, rétracté son serment, est atteint par cette loi. L'administration ayant pensé qu'on devait lui accorder la faculté de se déporter en prenant les mesures de sûreté pour s'assurer de son exil, arrête qu'il sera conduit à la frontière par les gendarmes et que Joseph Gayot, prévenu d'avoir donné asile à des prêtres déportés ou déportables, notamment à Fournier, sera dénoncé à l'accusateur public près le tribunal criminel."
Le 2 janvier 1798, la gendarmerie envoya le procès-verbal constatant que le respectable religieux avait été déposé hors du territoire français.
Anciens articles sur ce sujet :
- Jean-François Bernard
- Premiers retentissements
- Cahiers de doléances
- Premières attaques
- L'Abbé Boilley
- L'Abbé Chapuis
- L'Abbé Chapuis (suite)
- L'Abbé Chapuis (suite)
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- L'abbé Guillaume Bonney (originaire de Voillans)
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- L'abbé Chapuis (suite)
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