19 nov. 2011

Voillans sous la Révolution 8 (Simon Chapuis - suite)

Nos extraits des Bulletins paroissiaux qui traitent de la période révolutionnaire à Voillans ne sont pas tous faciles à lire même s'ils contiennent des éléments historiques intéressants. Ainsi celui que nous publions aujourd'hui.
Nous sommes toujours avec l'Abbé Chapuis qui, rappelons-le, exerça son ministère dans notre village de 1794 à 1797 en pleine tourmente révolutionnaire. Re-précisons également que ce prêtre n'était pas curé de Voillans mais seulement administrateur puisqu'il était vicaire à Fontaine les Clerval. Toutefois il résidait bien au presbytère de notre village.
Dans l'article suivant on comprendra la complexité des relations en ces temps-là entre le clergé et les autorités municipales ou préfectorales. Mais ce qui est très intéressant aussi c'est de constater que "le pays ne possédait ni maison commune ni écoles" et que "les assemblées communales se tenaient en plein air" ... Tiens, tiens ! ... proposons à nos élus de reprendre cette disposition ? Notre maire ne réside-t-il pas "à l'endroit où se trouve la grande fontaine actuelle" ... "notables et échevins se réunissaient sur la place publique"
Ecole au XIX° après la Révolution
Il s'agit bien de La Place Marlin !

Cet article montre aussi la condition d'instituteur dans notre village à cette époque. Dans l'article que nous avons publié sur Les Instituteurs et Institutrices à Voillans, on peut remarquer aussi qu'il y a un blanc entre 1766 (François-Joseph Douçot) et 1834 (Pierre-François Guillaume). Des recherches plus poussées nous permettront peut être ultérieurement de combler ce blanc. Ou bien est-ce la période trouble de la Révolution qui aurait contribué à une situation instable de la scolarité dans le village ?


Bulletin Paroissial Juillet 1953

Le comité ne se jugeant pas suffisamment éclairé, déclara que Nachin, l'un de ses membres, irait faire une nouvelle information à Fontaine, et qu'en attendant le prêtre Chapuis resterait consigné à Baume. Nachin, secrètement attaché aux prêtres, même déportés, eut soin de ne rapporter aucune charge nouvelle contre le prévenu.

Sur  ces entrefaites, Pelletier (l'un des représentants du département) étant arrivé à Baume, prit connaissance de ce qui concernait le prêtre Chapuis, et décida que celui-ci ayant manifesté son intention de voir renaitre le culte catholique et de reprendre ses fonctions, devait être mis en état d'arrestation comme suspect. Le condamné adressa au procureur un recours en grâce. Ce dernier décida, le 22 décembre, que Chapuis serait extrait de la maison d'arrêt, mais qu'il resterait consigné en surveillance à Baume. Le 27 janvier 1795, il obtint du représentant Vernerey, qui se trouvait en ce moment dans sa famille à Baume, l'autorisation de se retirer à la campagne, sous la surveillance des autorités locales, à raison de la cherté des vivres.

Simon Chapuis, le 2 décembre précédent 1794 avait encore été dénoncé par Claude Clerget de Soye. Ce dernier se présenta au comité révolutionnaire de Baume pour accuser la commune de Voillans, comme ayant refusé de le recevoir comme instituteur, "parce qu'en l'acceptant et en le logeant au presbytère, ils ne pourraient plus ravoir un prêtre." Il ajouta que tous les ci-devant dimanches, le temple de cette commune était ouvert ; qu'on y célébrait la congrégation et la conférence ; que les autels y étaient encore parés comme autrefois, et qu'il avait entendu dire que l'ex prêtre Chapuis leur avait célébré la messe depuis peu.

Ce refus opposé à Clerget fait honneur à la catholique population de Voillans. Le pays ne possédait ni maison commune ni écoles. Les assemblées communales se tenaient en plein air ; notables et échevin se réunissaient sur la place publique, à l'endroit où se trouve la grande fontaine actuelle. Les instituteurs libres, habitants du pays, occupaient les loisirs de l'hiver à faire la classe chez eux ou dans certaines salles ou chambres louées à cet effet par la commune. Comme traitement, ils n'avaient que les faibles offrandes de leurs élèves, parfois une maigre allocation communale dans le courant du siècle dernier. Aussi cumulaient-ils pour pouvoir vivre en exerçant simultanément une autre profession. L'instituteur habitait donc chez lui, dans sa famille, et c'est cette absence de logement affecté à l'instituteur qui explique comment les habitants de Voillans, voyant arriver un instituteur nommé d'office par le gouvernement révolutionnaire, ne voulurent point de lui dans la crainte qu'on lui assignât le presbytère comme résidence.


Ecole (1882-1965) Mairie