Septième article extrait des Bulletins Paroissiaux au sujet de la Révolution.
(Article précédent : Voillans sous la Révolution 6 L'Abbé Simon Chapuis)
Mai 1953 Simon Chapuis (suite)
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Mai 1953 Simon Chapuis (suite)
Simon Chapuis ne pouvait pas être de bonne foi quand il vit son vénérable et saint Archevêque Mgr. DURFORT finir à Soleure* et ses anciens confrères et amis restés fidèles à leur foi et à leur attachement à l'Eglise, prendre le chemin de l'exil, d'autres souffrant la persécution supportant les horreurs de prisons et surtout des pontons d'Aix de Rochefort et de l'île de Rhé* et mourant nombreux sur l'échafaud plutôt que d'apostasier en prêtant le serment schismatique.
Il dut ressentir un crève coeur et de terribles angoisses mêlées de remords lorsqu'il apprit l'arrestation de ses parents, de son frère, de sa soeur, qui souvent étaient venus le voir ici.
C'était pendant la terreur, pendant cette semaine où 19 têtes de catholiques, fidèles cultivateurs de nos montagnes, allaient tomber sur l'échafaud établi à Maîche, que le comité central du Canton de Vercel faisait arrêter comme suspects nombre d'habitants du Valdahon et entre autres Antoine CHAPUIS, oncle de l'abbé, déclaré suspect pour avoir eu un mandat d'arrêt lancé contre lui. Claude Etienne CHAPUIS pour avoir souffert chez lui des rassemblements suspects, la femme Chapuis, sa soeur, comme grande partisante de prêtres réfractaires, Marguerite CHAPUIS, femme DAUDEY, pour avoir tenu de mauvais propos contre la constitution, puis Anne Agathe et Jeanne Marguerite CHAPUIS, filles de Claude Etienne, grandes partisantes des prêtres réfractaires, Jeanne ayant distribué des brochures contre la constitution. Ces deux dernières filles étaient domiciliées à Epenoy.
Ce fut le 13 octobre 1793 que ces courageux parents de l'abbé CHAPUIS furent arrêtés et dirigés sur le couvent des Ursulines d'Ornans transformé en prison ; ils durent redouter en ce moment d'avoir à subir le même sort que 12 cultivateurs des environs, à peine un mois auparavant, morts sur l'échafaud dressé sur la place devant cette même prison d'Ornans. Ils furent traités avec rigueur, avec défense de voir et parents et amis. Ils devaient fournir le solde de leurs gardiennages, s'entretenir et se nourrir à leurs frais. Le 31 octobre ils manquèrent même de pain, et dans la nuit ils gelèrent de froid.
Ces rigueurs, le manque de soin, et l'encombrement de plus de 150 suspects, des communes rurales, rendit la prison très malsaine et de nombreuses maladies s'y déclarèrent. Au mois de janvier 1794 une épidémie formidable s'y déclara..
Claude Antoine Chapuis (60 ans) et Marg. Chapuis furent gravement atteints et faillirent en être victimes. Remis provisoirement en liberté, pendant leur convalescence, le 19 mars suivant ils durent regagner leur prison. Ce ne fut que le 12 juin après 8 mois de détention que la liberté fut rendue à ces soit-disant suspects qui durent rester dans leur commune sous la surveillance des municipalités.
Tant de dévouement ne toucha point le coeur de Simon Chapuis et l'exemple de ses parents si attachés à la bonne cause et si dévoués aux prêtres réfractaires, ne le fit pas rétracter son serment.
A ce moment, Simon Chapuis est porté sur la liste du département comme résidant à Voillans.
Sorti du giron de l'Eglise, cet intrus ne cessa cependant d'être exemplaire dans l'exercice de son ministère. Jamais il ne manqua à ses voeux, il montrait le même zèle que ses confrères qui administraient les sacrements au péril de leur vie. Mais la tranquillité, et surtout l'intérêt qu'il avait cherchés dans son apostasie ne tarderait pas à s'évanouir. Le gouvernement se fatigua vite du culte constitutionnel ; on établit le culte philosophique de la raison.
On proscrivit les croix, les cloches et autres signes extérieurs du christianisme.
On favorisa l'abdication complète des prêtres assermentés, et pendant que 24 de ceux-ci faisaient brûler leur titre de prêtrise pour vivre de la vie civile, on décrétait l'arrestation des prêtres constitutionnels encore en fonction. Le district de Baume qui était un des plus avancés, leur ordonna dans le courant de juillet 1794, d'avoir à abdiquer immédiatement leurs fonctions et de fermer leurs églises. (à suivre)
* Soleure est située en Suisse .
Cette ville est citée dans Histoire de la Révolution Française par M.A. THIERS
* Île de Rhé : ancienne orthographe pour Île de Ré.
Cette ville est citée dans Histoire de la Révolution Française par M.A. THIERS
* Île de Rhé : ancienne orthographe pour Île de Ré.