Voillans sous la Révolution 5

Suite des articles sur la Révolution


L'Abbé Boilley, vicaire


Bulletin Paroissial de Décembre 1952 

BOILLEY eut le courage de ne point protester contre la spoliation des propriétés appartenant à la cure et à l'église et qu'on vendit comme biens nationaux. Le 29 mars 1791 Nicolas Simonin se rendait acquéreur pour 370 livres des fonds appartenant à la cure de Soye, de Voillans et d'Hyèvre situés sur notre commune. Il est à croire que ce n'en était qu'un lot et qu'il dût y en avoir plusieurs autres. Plus tard la même injustice se commettait le 4 vendémiaire de l'an IV, quand on vendit les biens du seigneur   …… L'Imigré ?  ROUXEL dit d'Auquoy.

En récompense de son serment et de son adhésion pleine et entière au schisme, par suite de la pénurie des prêtres assermentés, Boilley, quoique ne sortant pas de l'ordinaire fut nommé par les électeurs de Baume, le 3 septembre 1793 à l'importante cure de Rougemont où il alla prendre la place de l'Abbé Léonard Billod, qui après avoir prêté serment d'une façon restrictive, fut destitué pour avoir fait notifier le 22 mai suivant par un huissier au procureur de cette commune une brillante rétractation. il y disait que s'il avait agi ainsi précédemment c'est qu'il avait cru pouvoir le faire dans la persuasion qu'il conserverait toujours l'unité et la communion avec le chef visible de l'Eglise. Pour ne plus avoir à reparler de l'infortuné Boilley disons de suite qu'il ne tint nul compte de la lettre du 10 mars 1791 dans laquelle le S.P.* condamnait la Constitution Civile du Clergé et celle du 13 avril adressée à l'épiscopat, dans laquelle il donnait 40 jours aux nouveaux curés pour rétracter leur serment sous peine de suspension et d'irrégularité. Boilley au contraire se séparant résolument de la véritable Eglise traita à nouveau à Rougemont le 9 octobre 1791 avant la célébration de la messe paroissiale le serment schismatique. Ce serment fut fait selon la loi en présence du conseil général de la commune, du procureur et des paroissiens assemblés. Ce même Boilley fit bientôt partie avec la charge de secrétaire, de la Société des Sans Culottes de Rougemont et obtint le 26 Floral An II (15 mai 1794) un certificat de la commune constatant qu'il s'est toujours montré vrai patriote, zélé républicain, et ami des lois, qu'il a toujours déclaré guerre ouverte aux traitres fédéralistes et modérés, qu'enfin sa conduite politique et privée a toujours témoigné de son amour pour la Révolution. L'Abbé Boilley ne quitta Rougemont que le 22 Termidor An II (9 août 1794) lorsque son église devint temple de la raison. Il consomma son apostasie* en abdiquant même son titre de prêtre. Après rétractation et pénitence il fut nommé curé d'Avilley après le Concordat.

Au moment où Boilley recevait de l'avancement et quittait Voillans, par suite de la pénurie des prêtres assermentés le service religieux dans notre paroisse ne put être assuré par un prêtre résidant, mais fut momentanément confié au vicaire schismatique de Fontaine les Clerval, l'Abbé Simon Chapuis originaire du Valdahon. Tout en conservant son titre de vicaire à Fontaine et en y exerçant le ministère ainsi qu' à Viethorey, il fut nommé administrateur de Voillans qu'il desservait conjointement avec Fontaine. Il résida néanmoins à Voillans comme certains épisodes le prouvent. (à suivre)

* S.P. = Saint Père
* apostasie : Reniement public de sa foi chrétienne