Bulletin de juillet 1952
C'était l'abbé Claude Joseph de Puessans qui remplissait encore les fonctions de Vicaire en Chef, et résidait à Voillans, lorsque se déchaina l'orage de la Révolution. Les premiers retentissements se firent bientôt sentir dans les paroisses rurales, mais plus ou moins faiblement. A Voillans en particulier à part quelques critiques motivées par les vexations du Seigneur Rouxel d'Auquoy, homme dur (Nous partons mais quand nous reviendrons, nous leur ferons manger la paille de leurs lits, disait-il en partant en exil) autoritaire et peu estimé, de noble dame son épouse, femme orgueilleuse, légère et peu estimable ; et les dégâts souvent causés souvent avant les moissons par les meutes du fameux Baguet et de M. L'Egoutail de Vergranne, le pays restait calme.
Le clergé y était aimé, un sentiment religieux sincère et profond régnait parmi les habitants. Et si l'on vit peut être avec satisfaction les premières attaques contre les privilèges de la noblesse, ce fut sans éclat et sans joie délirante. En tout cas on déplora les mesures de persécution qui ne tarderont pas à frapper le clergé des campagnes lui-même. La dime qui à l'origine était une oblation volontaire et journalière des fidèles pour l'entretien de leurs pasteurs, avait toujours été payée avec assez de régularité et sans récriminations. Après la suppression de la dime, l'expropriation de l'abbaye de Baume ; le renvoi des abbesses dont Voillans était le bénéfice, nombre d'habitants se crurent obligés en conscience d'entretenir les prêtres et leur offrirent pendant toute la période de la tourmente révolutionnaire l'hospitalité la plus louable mais aussi la plus dangereuse pour eux-mêmes.
Mais revenons à la Révolution sur laquelle il n'est pas inutile de donner quelques détails pour mieux comprendre les évènements qu'on lira dans la suite au sujet de notre clergé.
Les Etats Généraux composés des délégués du Tiers Etat, de la Noblesse et du Clergé de chaque région furent composés à Versailles le 4 mai 1789 dans le but de calmer les esprits et d'apaiser les troubles qui s'aggravaient presque partout. Ils décidèrent tout d'abord que les classes privilégiées devaient renoncer d'elles-mêmes, sans plus tarder, à tous les droits féodaux ou autres qui étaient pour le peuple une source de charges et de vexations continuelles. C'est alors que furent votés les premiers décrets contre l'Eglise de France, décrets qui frappèrent même le clergé des plus lointaines campagnes, et lui firent une existence bien différente de celle qui avait été la sienne jusqu'à ce jour.
(à suivre)
P.S. Le même bulletin paroissial donne entre autres une prévision météorologique (Nous sommes toujours en juillet 1952) :
Juillet : Brumeux le 2 - Pluvieux le 3 - Très chaud du 4 au 8 - Orage nocturne le 10 - Pluvieux le 11 - Très chaud du 12 au 28 - Pluvieux jusqu'à la fin du mois.
Août : Août est beau du début au 7 - Puis un sérieux orage déclenche la pluie du 9 au 14 - Le 17 belle journée - Le 18 Tempête, puis pluie.
Signé : L'Astronome de la Levée.
Remarques : Le mois d'août n'a jamais fait grossir le Doubs.
Julien Dupré. Bottes de moisson |