10 janv. 2011

La Corvée - La Prestation

Nos anciens n'avaient pas toujours la vie facile.
On sait qu'au Moyen-Âge, en particulier, la Corvée était une pratique très fréquente.
Journée de travail gratuite et due par le paysan à son seigneur et à son roi, elle consistait en des tâches imposées pénibles et fatigantes.

En échange de la sécurité qu'il procure, le maître exige !
Des manants vigoureux, il attend qu'ils participent à l'entretien des routes (On parle de Grands Chemins), à la défense publique par des travaux manuels de terrassement par exemple.
Le paysan creuse les fossés, élèvent les mottes ou les murs d'enceinte du château ...
On a calculé que pour édifier un petit fortin, une cinquantaine de manants devaient travailler quarante jours durant.

A Voillans on l'appela aussi "Prestation" après la Révolution.
C'était un peu la même contrainte : les habitants pauvres au lieu de payer les impôts participaient à des travaux divers, de terrassement encore, en guise de compensation. C'est ainsi qu'une partie de la Voie Romaine détruite par des extractions non autorisées a été remblayée notamment aux niveau des "Arbres Brûlés".

La Corvée était donc un travail non rémunéré et obligatoire principalement pour l'entretien des chemins.

Le Grand Chemin Strasbourg-Lyon à Voillans
La Route (Grand Chemin) Lyon-Strasbourg qui passait par La Plaine-Fin, Voillans, frôlait Les Planchottes avant de rejoindre Fontaine et Clerval fut l'objet de nombreux travaux d'entretien y compris par les clervalois. Les habitants de ces localités, au printemps et à l'automne, jusqu'à 4 ou 5 lieues (environ 20 km) de part et d'autre de la route devaient amener et répandre des matériaux divers sur la chaussée.
Dans l'intervalle d'une corvée à une autre, il arrivait bien souvent que les routes soient délaissées et partiellement détruites.

En page "histoire" nous avons publié un document qui donne les noms des "manants" qui vraisemblablement ont participé aux corvées :


 "Liste des Manants Habitants au Dit Voillans en 1580"

Odot Bretenière - Germaine Bailly - Pierre Borquin - Germain Bourgeois - Noël Corbot - Nicolas Corbot - Guillaume Frasney - Jacques Fresnelet - Antoine Fresnelet dit Jordy - Pierre Fresnelet - Martin Fresnelet - Henriot Fresneley - Jacques ... - Claudot George - Pierre Guyot ou Goyot - Girard Gourmand - Richard Guillemin - Guillaume Labbé dit Frison - Antoine Maillard - Pierre Martel - Claude Marie - Etienne Péquignot - François Poriel - François Simonin - Jacques Sirhenry - Jean Thiebaud - Claude Vallé - Etienne Vernier.

Notons cependant que grâce à la généralisation de la corvée royale dès 1738, on a pu agrandir et moderniser le réseau routier en France.

L'importance des routes était claire : le pouvoir royal passait par là!

Les Grands Chemins traversaient les seigneuries et permettaient à la justice et à la police du roi de s'étendre à tout le territoire. Nos gendarmes d'aujourd'hui ont toujours une compétence particulière sur le réseau routier - on appelle aussi la gendarmerie "la maréchaussée" !
Les "Bandits de Grands Chemins" - nous en parlerons bientôt avec un fait divers de 1682 - étaient appelés ainsi parce que, ayant commis leurs mauvais coups sur les routes royales, ils relevaient ainsi de la justice du roi.
La mise en place de la poste royale, l'importance militaire des routes ...
on comprend l'évident intérêt des Grands Chemins et donc de leur entretien. Henri IV - dont le nom est attribué par une tradition locale à la route Strasbourg-Lyon qui traversait le village - créa le poste de Grand Voyer du Royaume, l'ancêtre du ministre de l'équipement.
Surtout, la Régence mit en place, en 1716, un corps d'Ingénieurs des Ponts et Chaussées ; l'Equipement aujourd'hui !
En 1789, parmi les abus dénoncés la corvée était bel et bien l'un des plus marquants.
Imposée aux paroisses voisines d'une route, elle était terriblement inégalitaire : la noblesse et le clergé en étaient affranchis ainsi que certaines professions.
Elle ne fut abolie qu'en 1789.