LES PATOISANTS
Ce sont les personnes qui emploient, qui parlent le patois.
Notre village reste l'un des témoins le plus récent de cette pratique. La plupart des dialogues en patois ont malheureusement disparu à l'orée du XXème siècle. De nos jours les langues comtoises connaissent un regain d'intérêt : plusieurs ouvrages consacrés aux patois régionaux sont parus récemment.
Le patois est un parler (un idiome-mot savant pour désigner l'ensemble des moyens d'expression d'une communauté). Généralement employé par une population locale peu nombreuse souvent rurale, le patois n'est pas une langue comme le basque ou le breton par exemple.
Le patois est un parler (un idiome-mot savant pour désigner l'ensemble des moyens d'expression d'une communauté). Généralement employé par une population locale peu nombreuse souvent rurale, le patois n'est pas une langue comme le basque ou le breton par exemple.
Il faut remonter à l'époque médiévale pour comprendre l'apparition de ces dialogues. La langue romane qui trouve son origine dans le Latin est la base du patois, mais elle se mélange avec le gaulois (vocabulaire agricole, flore, géographie) et avec de nombreux emprunts aux langues germaniques. Et puis il faut sans doute prendre en compte nombre d'expressions populaires, de dictons, de noms imagés etc...
On avait à faire, en Franche-Comté, à un parler oral non fixé qui différait d'un village à l'autre, d'un village à l'un de ses hameaux également. Il peut y avoir entre deux points voisins des différences phonétiques : Ainsi la raclette en fer pour nettoyer le pétrin se dit réchot à Chazot et rétyot à Voillans.
Rappelons qu'à Voillans, "La crêche bisontine" qui date de 1792 avec le célèbre personnage de Barbizier, était jouée par les habitants du village dans l'ancienne cure dont la grange était été aménagée en salle de spectacle, et en garage le reste du temps..
Les patois ne sont donc pas du français déformé comme le pensent certains patoisants, mais bien des patois romans, ce qui signifie qu'ils sont directement issus du latin, au même titre que le français, l'italien, l'espagnol ou le roumain. Toutefois, comme en français, quelques mots viennent donc du gaulois ou du germanique
En ce qui nous concerne on peut relever aussi quelques mots qui viennent des Mandubiens ou des Séquanes (les habitants du Doubs avant l'occupation romaine). Des emprunts à l'allemand ancien ou à l'alsacien sont aussi probables.
"Il y a une cinquantaine d'années, dans les villages isolés - c'était un peu le cas de Voillans - les instituteurs ou institurices se trouvaient dans leur classe, face à des élèves intimidés et qui parlaient patois. Il fallait donc, le plus vite possible exiger le français. mais quand les enfants rentraient le soir à la maison, c'était le patois qui l'emportait avec les parents et les voisins. Ces enfants-là devenus adultes parlèrent français avec leurs enfants et patois avec les grands-parents.
Il y eut alors un français patoisant.
Une phrase était parfois commencée en français et terminée en patois, mais le patois se francise de plus en plus pour donner un français régional, avec des mots bien de chez nous que nous avons connus, entendus, parlés, surtout dans les campagnes.
Quelques anciens, chauffant leurs vieux os au soleil, assis sur un banc rustique bien exposé au Midi, parlaient patois entre eux il y a une quarantaine d'années.
Ce sont les femmes qui ont parlé le patois le plus longtemps, car elles quittaient peu la maison et le village.
Pour l'homme, le service militaire, le commerce, le journal le firent oublier plus vite.
Sont restés certains mots et certaines expressions de tous les jours qui ont gardé une saveur et un piquant souvent plein de malice, que le français ne peut pas toujours traduire, s'accompagnant du ton, du clin d'oeil, de l'exclamation, ironiques."
Extrait du Bulletin N°27 "Mon Vieux Baume" avec l'autorisation de l'auteure Simone Simon-Ravey
Pour aller plus loin :
Le Patois Franc-Comtois
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